Le prix juste pour nos producteurs, plutôt que le prix fort
Le 01/05/2022
En 2021, seulement 20% des volumes habituels de lentilles ont été récoltés. Les bio n'y ont pas échappé. Face à cette déconvenue, Biocoop a choisi de soutenir ses 5 groupements de paysan.ne.s associé.e.s. On vous explique !
Les Français redécouvrent les légumes secs dont la lentille est sans doute le porte-drapeau. 48 % déclarent consommer des légumineuses au moins une fois par semaine (Étude Credoc-Caf 2021). Et c’est tant mieux.
En agriculture bio qui n’utilise pas d’engrais de synthèse, elle est fort utile comme tous les pois, luzernes et autres légumineuses : intégrée dans un cycle cultural dans le temps et l’espace en alternance avec d’autres cultures, elle est de ces plantes capables de capter l’azote atmosphérique et de le restituer au sol sous forme de nutriments, préservant ainsi, voire augmentant, la fertilité du sol.
Bonne pour la planète, bonne pour l’assiette avec une richesse en protéines notoire, et bonne pour le porte-monnaie car économique. C’est un classique de l’alimentation bio.
Et donc chez Biocoop qui a patiemment monté des filières en France quand l’essentiel des lentilles venait du Canada, 1er exportateur mondial.
SALE TEMPS POUR LA LENTILLE
Mais en 2021, la récolte a été désastreuse, partout en France et pour toute la famille lentille : vertes, blondes, beluga, corail…
Selon la Fédération nationale des légumes secs (FNLS), seulement 20 % des volumes habituels ont été récoltés. Les bio n’y ont pas échappé.
« Nous avions réussi à relocaliser la lentille corail dans différentes régions de France mais cette année, il n’y en aura quasiment pas »
indique Mathieu Gaborit, responsable filières chez Biocoop.
« Il nous faudra les importer de Turquie », précise sa collègue Aurore Winter, responsable de catégorie. Quant à la verte, la plus consommée, sa production a connu non seulement une baisse de rendement chez les groupements sociétaires de Biocoop de l’Ouest, mais également des défauts d’homogénéité en taille et en couleur chez ceux du quart nord-est. « On aurait pu refuser les récoltes, comme le résultat n’était pas l’attendu ! », explique Aurore Winter. Ce qui aurait conduit les producteurs à déclasser. Car dans la distribution, les denrées obéissent à des normes de standardisation. « Certains auraient été contraints d’écouler la production dans le circuit de l’alimentation animale à des prix de vente 2 à 3 fois moins élevés ou auprès de leurs bêtes, avec de gros manques à gagner », poursuit Mathieu Gaborit. Et Biocoop de devoir s’approvisionner à l’étranger.
« Nous avons choisi de soutenir les cinq de nos groupements Paysans associés concernés en revalorisant les prix d’achat. »
Pour autant, pas de hausse côté consommateur ni de baisse de la qualité. « Pour s’assurer de la qualité des légumineuses qui présentaient une grande hétérogénéité, des tests de goût et de cuisson ont été réalisés. Ils ont montré que rien ne changeait hormis l’aspect visuel », ajoute Marion Lefrançois, cheffe de produits.
Au-delà de l’approvisionnement ponctuel, c’est un engagement sur le long terme. Car selon Mathieu Gaborit, « malgré une récolte catastrophique, nous voulons aussi encourager les producteurs à continuer de semer de la lentille ! ».
PIC DE LAIT AU PRINTEMPS
Ce qui vaut pour la lentille, illustration du commerce équitable en France, vaut pour d’autres productions tel le lait, un sujet d’actualité à chaque printemps à cause des pics de production. C’est en effet le moment où les bêtes mettent bas et recommencent à brouter dans les prés. Selon la météo, l’herbe peut pousser en abondance et, au passage, se charger d’éléments nutritifs très intéressants, oligo-éléments, oméga 3, etc. Les éleveurs ont alors énormément de lait à écouler.
Un casse-tête. Chaque année, Biocoop travaille avec ses partenaires pour leur permettre de valoriser et de vendre correctement ce lait, dans les meilleures conditions, au meilleur prix.
Le consommateur, lui, en déduira que c’est l’occasion de bénéficier de produits très qualitatifs sur le plan organoleptique – fromage de brebis, fromage blanc de vache ou encore beurre de baratte à marque Biocoop – et aussi au meilleur prix. Un prix juste.
ÇA SE FAIT PAS …de prendre les paysans pour des vaches à lait. Ni de les lâcher en cas de pépins ! • En janvier dernier, en pleines négociations commerciales dans la distribution, le gouvernement par la voix de son ministre de l’Agriculture rappelait sa fermeté et près de 1 100 contrôles prévus quant au respect des lois Egalim visant le rééquilibrage des rapports de forces entre les producteurs, les industriels et la grande distribution. De son côté, le syndicat FNSEA dénonçait déjà dans un communiqué de presse des pratiques déloyales. • En février, la direction générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des fraudes a sanctionné deux enseignes, dont d’amende, pour non-respect des règles du Code de commerce*. * presse.economie.gouv.fr/2059-negociations-commerciales-dans-le-secteur-de-la-grande-distribution-alimentaire/ |
Retrouvez cet article dans le n°123 de CULTURESBIO, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles, ou à télécharger sur le site de Biocoop.